Il y a un mois de cela, nous révélions le projet de versement d’Indemnités de Sujétions Spéciales du groupe 37 (180 000 F.CFP par mois) à un FEDA d’un service économique du Pays. Bien évidemment, notre tranche de vie est parvenue jusqu’à la cheffe de service qui n’a pas tardé à réagir. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que sa réaction injuste et disproportionnée démontre qu’elle a été prise la main dans le sac et qu’elle s’en serait bien passée…
Au lieu de faire preuve de compréhension vis-à-vis des agents de son service qui ont été lésés et qui le seront davantage dans l’avenir, elle les a convoqués pour une bonne leçon de morale, restreindre pour certains leurs missions (ce qui s’apparente à une sanction disciplinaire déguisée), et par-dessus tout, instaurer un climat de peur et de menace.
Il n’y a eu aucun démenti par rapport à tout ce que nous avancions, ce qui confirme que nos informations étaient parfaitement justes. Ce petit arrangement entre amis impliquant la direction de ce service, se fait-il aussi avec l’aval du ministère de tutelle ? A cette heure nous ne le savons pas. Quoi qu’il en soit, le mal-être au sein de ce service va dorénavant aller grandissant, belle prouesse managériale !
Nos détracteurs en imputeront la responsabilité à notre syndicat ou pire aux agents qui sont pourtant les seules victimes ! Cependant, les vrais responsables de cette situation sont ces « professionnels » du management qui accomplissent en toute connaissance de cause un acte immoral, voire illégal.
A l’injustice légitime ressentie par des agents discriminés par rapport à un FEDA, s’ajoute désormais la crainte de représailles de plus grande ampleur. Y a-t-il des cours de management donnés à nos chefs de services et directeurs d’établissements ? Y a-t-il simplement des cours de bon sens et de rationalité ? Y’a-t-il une tutelle politique pour rappeler que la menace et l’inquisition dans les services sont prohibées ?
Nous avons adressé un courrier au ministère de tutelle de ce service ainsi qu’à celui en charge de la fonction publique. Nous leur avons demandé de clarifier la situation de ce FEDA, et le cas échéant d’invalider nos informations. Nous les avons également invités à rappeler à l’ordre cette cheffe de service qui selon l’article 5 de la délibération 95-215 mériterait d’être sanctionnée. Et rien…
Le silence auquel nous sommes confrontés se révèle des plus assourdissant. Les Indemnité de Sujétions Spéciales du groupe 37 représentent 180 000 F.CFP par mois en plus du salaire, soit plus qu’un SMIG en bonus chaque mois. C’est donc en quelques sortes un deuxième salaire.
Pour autant, les ISS répondent aujourd’hui à des règles bien plus strictes que par le passé. Elles sont dorénavant subordonnées à un niveau de responsabilité élevé, des compétences ou des aptitudes particulières mises en œuvre dans l’exercice de la fonction, une disponibilité spécifique générée par la fonction occupée et un surcroît de travail conséquent. Dès lors, si cette indemnité est si « juste » et « justifiée », il devrait être très simple de l’assumer devant des agents par des critères rationnels qui seraient alors facilement compris de tous. Mais comment justifier une indemnité du groupe 37 pour un agent qui effectue rigoureusement le même travail que bien d’autres qui n’en perçoivent pas ?
A moins que, comme nous le subodorons, cette indemnité soit simplement détournée de son objet et destinée à maintenir le train de vie d’un FEDA qui aurait perdu quelques avantages… Les règles établies par notre propre réglementation seraient elles ainsi bafouées par un détournement du système des ISS ?
Alors devant pareille situation, il est légitime que les agents qui sont victimes de ce traitement totalement inégalitaire se sentent trahis, salis, humiliés, rabaissés. Pourquoi lui et pas d’autres qui font globalement le même travail ? Pourquoi le favorise-t-on dans le choix de ses destinations de contrôle ?
Il semblait urgent de réformer le régime des primes et indemnités pour atténuer sensiblement les inégalités qui règnent dans notre administration. On a commencé à établir des critères, visiblement décoratifs, puis plus rien. Ce dossier n’a pas évolué d’un iota depuis fort longtemps, à tel point qu’il semble désormais oublié. Visiblement, cela n’empêche pas les « petites et grandes inégalités » qui ruinent le quotidien des agents de prospérer. A l’heure où l’on brandit « la contrainte budgétaire » à chaque fois qu’une réforme est proposée, il serait temps de faire preuve de rationalité.
Que l’on ne s’étonne plus de voir le malaise et le mal-être grandir dans notre administration. Ce qui ruine particulièrement le moral, ce sont souvent ces petites décisions quotidiennes injustes, immorales, prises au plus près des agents. Ces petits moments de favoritisme plein de cynisme auxquels on assiste malheureusement impuissant.